Remarques sur « Les dix stratégies de manipulation de masse » Noam Chomsky. Diversion et du bruit de fond, deux composantes de la distraction.
1/ La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations. Utilisée par les élites politiques et économiques, il opère grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles. C’est pourquoi on le retrouve dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique.
«Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser ; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » Noam Chomsky
Commentaire
LA distraction est une diversion
pour les militaires et la « creation d’illusions » pour Sun Tzu. Selon le principe du prestidigitateur : « Je met une main focalise l’attention et masque l’action de la seconde« . L’intérêt majeur de la diversion dans le cadre d’une stratégie réfléchie est de permettre l’effet de surprise. Une de ses illustration célèbre se retrouve dans la stratégie adoptée par Hannibal à Trasimène en 217 av. JC. Cependant, lorsque l’opération de diversion n’est pas utilisée à cette fin, elle n’est qu’une manoeuvre réactive désespérée. Elle ne fait que révéler le manque d’anticipation et de préparation. Dans ce sens, la diversion n’est plus une manoeuvre active mais une mauvaise manipulation réactive. Le manque de contrôle a priori met gravement en danger la position établie. Dans une utilisation isolée et réactive, la diversion amplifie le risque et génère une nouvelle potentialité de situation chaotique. Elle est une source de perte de contrôle
Le bruit de fond est une dissimulation
Alors que le principe de la diversion réside dans un détournement de l’attention, le principe complémentaire du BRUIT DE FOND est lui une dissimulation. Selon le principe qu’il est toujours plus facile d’être anonyme dans une foule, le bruit de fond est destiné à limiter les effets de résonance d’une potentielle situation chaotique à venir. Mais au delà de l’évident effet masquant, le bruit de fond permet un lissage de l’information. La hiérarchisation des informations devient en effet difficile dans un environnement très encombré. Le résultat immédiat du bruit de fond est un lissage hiérarchique rendant impossible l’évaluation du poids comparé de chaque information.
En réalisant le lissage, le communicant dégrade naturellement la valeur des informations à haut niveau de dangerosité et limite de facto le risque potentiel. Le bruit de fond allié à la diversion permet, dans le cadre d’une stratégie établie, un détournement global et la prise de contrôle active sur les situations chaotiques.
René HYS
Pour rappel, les « tratégies de manipulation des masses » sont :
1/ La stratégie de la distraction
2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions
3/ La stratégie de la dégradation
4/ La stratégie du différé
5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
9/ Remplacer la révolte par la culpabilité
10/ Connaître les individus mieux qu’ils se connaissent eux-mêmes
Noam Chomsky, wikipédia